Bach: Die Kunst der Fuge
Maintenant disponible séparément, voici la réédition remasterisée et somptueusement présentée de l'Art de la Fugue par Jordi Savall et Hespèrion XX. Saluée par la critique lors de sa sortie en 1986, la réédition par Alia Vox de L’Art de la Fugue de Jean Sébastien Bach (1685-1750) à l’automne 2001 avait provoqué un nouveau regain d’intérêt. C’est sans doute que deux siècles et demi après sa création, cette œuvre datant de la fin de la vie de Bach demeure pleine de mystères. Trop longtemps incomprise et considérée comme purement théorique, elle est finalement reconnue aujourd’hui comme l'un des sommets de la musique, bien que la polémique reste entière concernant certains problèmes relatifs à son interprétation. L’Art de la Fugue synthétise parfaitement le savoir et le génie dans l’art du contrepoint de Bach. Sa phénoménale capacité d’invention, son sens extraordinaire de la forme, de la structure et du nombre, sans jamais négliger le côté expressif et musical de la création sont sans doute une des caractéristiques majeures de Bach. Lui-même grand improvisateur, il laisse au musicien une grande liberté d’interprétation et l’invite à faire preuve de sa propre logique créative. Jordi Savall est donc l’interprète idéal pour relever ce défi ; sa lecture donne à cette œuvre une forme d’une générosité extraordinaire et permet d’en saisir toute l’ampleur musicale, réalisant ainsi la synthèse parfaite entre la forme et le contenu émotionnel. Il l'interprète avec une formation pour laquelle a été composée la plus grande partie du répertoire de musique contrapuntique des XVIe et XVIIe siècles : un ensemble de violes. Pour certaines fugues, un ensemble de quatre instruments à vents d’époque a été ajouté. Le programme est structuré comme un miroir à double face reflétant non seulement la progression et la cohérence des différentes pièces mais aussi leur variété. L’instrumentation de chacune des pièces est déterminée d’une part, par des critères formels (mise en valeur optimale du contrepoint) et d’autre part, par les caractéristiques et les possibilités techniques des instruments mêmes. Ceci permet une lecture fidèle du texte original et renforce le caractère propre de chaque fugue, mais permet également une réalisation sonore optimale et une plus grande variété de couleurs et d’intensité dynamique. La version SACD a été réalisée à partir des bandes analogiques originales, directement converties au format DSD haute résolution. Ce transfert direct permet donc d’avoir une qualité sonore la plus proche possible du son analogique d’origine. La spatialisation multicanaux est délicate, car il faut conserver la précision de jeu des instrumentistes particulièrement indispensable à la bonne compréhension de cette œuvre. Le gain en qualité est indéniable, et c’est un des trésors de la discographie de Jordi Savall que l’on redécouvre dans les meilleures conditions techniques actuelles.