Monteverdi: Vespro della Beata Vergine
En 1610 est publié à Venise un recueil explicitement dédié au pape Paul V, contenant une messe et un office de vêpres. Si la messe In illo tempore est le plus évident exemple de la maîtrise de Claudio Monteverdi de la Prima Pratica dans la plus pure tradition des héritiers de Palestrina, les Vêpres par contre peuvent apparaître comme un manifeste monteverdien, celui du drame en musique, celui de l’expression de la parole en musique. Et dans la musique sacrée, au service du Verbe, la nécessité de l’intelligibilité de la parole est peut‐être pour un esprit baroque, en pleine Contre‐Réforme, encore plus évidente que dans l’opéra naissant. Monteverdi réussit par l’expression des affects, des affetti , par l’application de ses principes de la Seconda pratica à la musique liturgique, à participer pleinement à la ferveur démonstrative de la Réforme catholique. Le recueil dans lequel figure le Vespro, qui ne fut d’ailleurs peut‐être jamais joué dans son intégralité à son époque, peut apparaître comme une encyclopédie des formes musicales contemporaines, et à travers les Vêpres comme l’acte de naissance de la dramaturgie sacrée, plus encore que la Représentation de l’âme et du corps de ‘Cavalieri, à la postérité moindre. Le génie du Crémonais ne s’explique pas tant dans les Vêpres par l’invention d’un genre et de formes, que par l’adaptation d’un genre nouveau, l’opéra, à la musique sacrée, par l’adoption des formes musicales vénitiennes des Gabrieli, par l’adaptation de la mélodie accompagnée et de la basse continue à la sphère musicale sacrée. S’il n’est pas le créateur de toutes les formes musicales qu’il compile ici avec génie, personne ne les maîtrise aussi bien que Monteverdi. On n’hésite pas à dire qu’il est avec ces 14 pièces du Vespro le génial créateur d’un style qui va durer un siècle et demi sans s’essouffler, culminant encore dans la Messe en Si ou les Passions de Bach. Après le Monteverdi profane de l’Orfeo, L’Arpeggiata, chantre de la musique de Monteverdi, vous propose de redécouvrir avec elle toute la ferveur et la magnificence de sa musique sacrée. Ces œuvres exceptionnellement riches et virtuoses sont servies par les plus grands chanteurs et l’orchestre dans toute la richesse de ses timbres. Raquel Andueza – soprano Miriam Allan – soprano Luciana Mancini – mezzo-soprano Fernando Guimarães – ténor Emiliano Gonzales Toro – ténor Markus Brutscher – ténor Jan va Elsacker – ténor Fulvio Bettini – bariton Huub Claessens – basse João Fernandes – basse Daniel Zapico – théorbe, tiorbino Eero Palviainen – archiluth Sarah Ridy – harpe baroque Elisabeth Seitz – psalterion Veronika Skuplik – violon baroque Mira Glodeanu – violon baroque Christine Plubeau – viole Florencia Bardavid – viole Doron Sherwin – cornet Gebhard David – cornet Frithjof Smith – cornet Simen van Mechelen – trombone Stefan Legée – trombone Franck Poitrineau – trombone Elodie Peudepièce – violone Elisabeth Geiger – orgue Haru Kitamika – orgue Christina Pluhar – théorbe & direction