Neverending
La jeune (23 ans) et jolie (sous sa frange) parisienne a une indéniable personnalité vocale. Un organe délicatement voilé/brumeux qu’elle met au service de chansons intimes jusqu’à l’impudeur. D’aucuns évoqueront une jeune Cat Power mais on relève d’abord un léger complexe Nico. C’est particulièrement flagrant sur « Love Song #1 » qui semble échappé de The Velvet Underground and Nico (1967), avec chœurs typiques et guitare reptilienne à la Lou Reed. Ou sur « Love You Tonight », un des deux duos avec Bill Ryder-Jones de The Corral (avec « Poem #1 »), qui évoque également le Velvet initial, sans parler des errances répétitives de « Hold Me Close » qui n’est pas sans faire hommage à John Cale et ses tentatives post John Cage. Peuplé de tempos lents et languides, Neverending installe un climat narcoleptique que la voix grave de Swann hante comme une Ophélie préraphaélite. Seul « Show Me Your Love », déjà disponible sur lEP liminaire, emprunte un rythme et des couleurs rock enlevés. Avec des arrangements fins, pianos et guitares subtils, un anglais maîtrisé, ce premier effort installe un univers à part dans le son global 2013, qui incite à l’indolence, à la stupéfaction. On peut cependant regretter un manque de lisibilité des mélodies, une certaine atonie, qui finirait par devenir sédative, si l’on n’était pas effectivement captivé par la couleur particulière de cette voix onirique. Neverending, comme l’hiver qui l’aura vu naître.